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Coin Tritki
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1 janvier 2006

Journalisme et équilibrisme

Bataille rangée sur la valeur de Maroc Telecom:

Wafa Trust remet les pendules à l'heure

Maroc Télécom n'est pas encore sur le marché que les batailles font déjà rage sur sa valeur. Derrière ces batailles, il y a les recettes du budget, la concurrence tarifaire avec Méditel et aussi quelques rivalités de personnes. L'affaire a été officieusement portée devant le Premier ministre, lequel n'a pas donné suite, laissant le marché agir.
Grosso modo, il se dit que Maroc Télécom vaut entre 4 et 5 milliards de Dollars, soit entre 40 et 50 milliards de DH. La fourchette à elle seule est donc de 10 milliards de DH, une somme colossale à l'échelle du Maroc. Un seul point de différence représente la bagatelle d'un barrage moyen!

Les éléments traditionnels n'ont plus de sens

Les batailles tournent autour de la baisse des tarifs, appliquée depuis 1995 par Maroc Télécom, et qui s'est renforcée à l'arrivée de son concurrent, Méditel.
La question centrale est de savoir si cette baisse des tarifs réduit ou ne réduit pas la valeur de Maroc Télécom lorsqu'une partie de son capital sera mise en bourse. La première réponse est de dire que la baisse des tarifs réduit la marge de Maroc Télécom, donc réduit sa valeur. C'est le message qui a été passé durant ces dernières semaines, message que les observateurs attribuent à Méditel. Cet opérateur a en effet intérêt à ce que les tarifs ne baissent pas trop.
En fait, c'est plus compliqué que cela. «Il faut faire appel aux méthodes d'évaluation propres au domaine des télécommunications», prévient M. Rachid Séfrioui, directeur général à Wafabank et chargé de la banque d'affaires, Wafa Trust. Il explique que dans ce domaine, ce qui est à vendre présente un caractère spécifique. Les éléments traditionnels d'évaluation ne peuvent pas être retenus comme des éléments de référence. Du coup, les appréciations liées à la politique commerciales doivent être nuancées. En fait, les entreprises de télécommunications vendent... un parc d'abonnés. Le phénomène est très récent, mais il est très puissant et qui plus est, constant. C'est ce que l'on appelle la «nouvelle économie» et qui fait que les entreprises d'Internet, de simples portails d'entrée, se valorisent en bourse, même lorsqu'elles affichent déficit sur déficit. Cette nouvelle économie a déjà bouleversé les méthodes classiques d'évaluation, souligne M. Séfrioui: la valeur de Yahoo en bourse dépasse celle de Boeing.
La prestation est immatérielle, le client lui-même est souvent virtuel. Aussi, l'analyse de la valeur doit-elle s'orienter vers des éléments autres que les bases classiques. Le portefeuille des abonnés est un élément central, explique M. Séfrioui. Ce point de vue correspond à celui exprimé par M. Ahizoune, président de Maroc Télécom, lorsqu'il répond aux attaques sur les baisses des tarifs: «C'est ridicule de dire qu'une entreprise de la nouvelle économie perd de la valeur quand elle défend son portefeuille de clients».

L'abonné vaut 2.500 Dollars

Aux yeux de M. Séfrioui, «une entreprise de télécommunications vaut en général, entre 2.500 et 4.000 Dollars par abonné, cela dépend des marchés». Il précise que l'on peut aussi passer par la méthode des cashs-flow actualisés (voir encadré), mais en l'appliquant au nombre d'abonnés. Il s'agit ainsi de calculer les marges que l'entreprise pourra générer et ce, sur la durée de consommation. Pour lui, pas de doute, il n'y a pas de lien mécanique à faire entre la baisse des tarifs de Maroc Télécom et sa valeur: «Le résultat ne peut qu'être positif pour la valeur de l'entreprise». En fait, le comportement de Méditel, à l'ouverture de ses magasins, lui donne raison: pour faire face à la baisse des tarifs de Maroc Télécom, Méditel a divisé certains des siens par deux, pour la période de lancement. Le nouveau venu cherche donc en priorité une part de marché face à l'opérateur historique. Dans ce raisonnement, la valeur de Maroc Télécom aurait donc progressé par rapport à ce qu'elle était, il y a six mois, avant le dernier round des baisses, qui a élargi son parc d'abonnés. En outre, si Maroc Télécom fait actuellement des investissements dans le protocole Internet, le DSL, le WAP et peut-être prochainement dans le GPRS et l'UMTS, c'est pour pouvoir fidéliser son portefeuille client. La société aura la possibilité de lui offrir tous les services à valeur ajoutée possibles.
«Il faudrait aussi ajouter à la prise de valeur grâce à l'élargissement du parc, les services annexes qui génèrent des valeurs ajoutées», ce qui signifie que la guerre des tarifs ne peut pas être appréhendée dans une vison à court terme.
Wafa Trust renforce son point de vue en indiquant que l'évaluation de Maroc Télécom doit prendre en compte les perspectives de développement du mobile, mais aussi du fixe. Le GSM et Internet sont des vecteurs porteurs et, souligne M. Séfrioui, le développement d'Internet pour les affaires donne une prime aux installations fixes. Ces dernières ont donc encore de beaux jours devant elles.

Khalid TRITKI 

Cet article a été publié en avril 2000 sur les colonnes de L’Economiste. Pourquoi je le déterre ? Parce qu’il a une histoire particulière. Comme le souligne le papier, à l’époque, il y avait une lutte sans merci entre Maroc Telecom et Médi Telecom. Les conseillers financiers du deuxième opérateur avaient laissé entendre sur le marché que la baisse des tarifs de MT allait avoir un impact négatif sur la valorisation de l’entreprise étatique. Moi, je suivais cette lutte de loin jusqu’au jour où ma rédactrice en chef, Nadia Salah, me demande de prendre contact avec Wafa Trust, la banque conseil de Maroc Telecom. De nature, je me méfie des articles recommandés. Mais je n’ai pas hésité car le secteur me passionnait et la thématique de la valorisation était une pente glissante sur laquelle peu de journalistes osaient s’aventurer. Je prends donc rendez-vous avec Rachid Sefrioui qui était directeur général de Wafa Trust. Je devais le rencontrer à son bureau le lendemain à 18heures. A l’heure convenue je me pointe au RDV, le bonhomme n’y était pas. Une heure après, j’étais toujours devant le grand portail de Wafabank sur le Bd Hassan II. Quelques minutes après, il m’appelle sur mon portable pour me dire qu’il était en route. A neuf heures du soir, je lui téléphone pour reporter le rendez-vous au lendemain. Bien entendu, je me suis retenu de lui faire la morale, question de lui donner une chance de corriger le tir. Le lendemain, notre héro se pointe en tenue décontractée et prend siège confortablement en analysant les moindres détails de ma physionomie. Pas un mot sur la veille, Sefrioui entame la discussion par un interrogatoire, un examen sur les fondements de la valorisation des entreprises de la nouvelle économie. Satisfait de mes réponses, le travail pouvait commencer.

Le lendemain, je passe quelques coups de fil pour vérifier les vérités de Sefrioui et livre copie à Nadia Salah. Celle-ci se passionne pour l’article et me félicite pour mon travail. Le lendemain, l’article ne sort pas, ni le jour d’après, ni la semaine d’après. C’était anormal pour un sujet destiné à la une du journal. Je harcèle mon chef de rubrique, Abashi Shamamba, pour qu’il parte aux nouvelles. Après plusieurs tentatives, il me lance au visage que la dame trouve que l’article est incomplet et prend le temps de peaufiner. Cela peu arriver à tous les journalistes, certes, mais ce n’était pas convaincant. Finalement, l’article est publié deux semaines après sa livraison au réd chef. Il est amputé de moitié et regorge de commentaires et de citations qui ne sont pas de moi. L’intervention de Ahizoune n’est pas mienne car je ne l’avais pas contacté, par exemple. Finalement, des lecteurs m’ont félicité pour mon travail et tout est rentré dans l’ordre. Mais moi j’en ai gardé un goût amer. Il n’en demeure pas moins que j’ai appris une chose de cette histoire : Quand le journalisme devient un business (dans le sens mercantile du terme) le rédacteur en chef doit absolument être un équilibriste qui, tout en faisant son travail, met un point d’honneur à ne froisser personne, surtout pas les annonceurs, et attention, et c’est là où réside le génie de Nadia Salah, tout en donnant l’illusion que la crédibilité du journal y gagne des galons.

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Commentaires
F
Tu te diras pourquoi je t'écris alors que je t'ai tous les jours à mes côtés, je te dirais que je suis tellement fiére de toi que je voudrai le dire tout haut et tout fort... Une seule question, tu avais bien commencé ce blog, pourquoi ne le termines tu pas?<br /> Je t'aime<br /> Ta femme
K
à mon tour,je te felicite,ton blog est super interessant,hope que tu continue comme ca !!<br /> www.affani.canalblog.com<br /> www.webtik.canalblog.com
N
Bienvenue sur la blogoma et longue vie à tes filles!
J
Bonjour<br /> Khalid meilleurs voeux 2006 pour toi et toute ta famille<br /> Bienvenue dans la blogoma.
Coin Tritki
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