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Coin Tritki

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13 octobre 2013

Remaniement : la stratégie de « Containment »

 

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Nous sommes en novembre 2011, la campagne électorale bat son plein. Les ténors des partis du Rassemblement National des Indépendants (RNI) et du Parti Authenticité et Modernité (PAM) promettent « une déconfiture certaine » aux barbus du PJD.

De son côté, le parti de l’Istiqlal (PI) met en avant le bilan (pourtant très controversé) de ses ministres au sein du gouvernement sortant. Les sympathisants du parti savent d’emblée que la formation héritière de Allal El Fassi devra son succès non pas à la performance de Ghallab, Hjira et autre Baddou, mais à la machine électorale implacable que le parti a passé plus de 50 ans à roder. Théoriquement, il est le seul à pouvoir gêner le PJD sur le terrain des urnes.

Le 27 novembre 2013, les résultats tombent comme un couperet. Le PJD rafle 107 sièges au Parlement laissant le PI loin derrière avec 60 sièges et le RNI au troisième rang avec 52 sièges. Pour les formations politiques, dites historiques, c’est la douche froide. Le RNI met fin à sa rêverie, le PAM renonce momentanément à ses ambitions de leadership et le PI se fait petit à l’ombre du plus grand parti du moment, le PJD.

Le gouvernement est formé début 2012. Comme attendu, le PJD prend le lead avec le soutien d’un PI acculé. Le RNI se place dans l’opposition, sans conviction.  L’exécutif fraichement installé, gère une conjoncture difficile avec des marges de manœuvres presque inexistantes.

Sur le plan économique, le lègue du gouvernement sortant exerce sa pesanteur: les stratégies sectorielles, selon le rapport de Bank Al Maghrib, sont à la traine par mauvaise (ou lenteur) gouvernance, le déficit budgétaire est à son point culminant et la balance commerciale suit une courbe dangereuse. La conjoncture internationale est morbide et l’investissement local se tasse. A cela s’ajoutent des faillites reconnues et confirmées des systèmes de santé, éducatif et judiciaire. 

Last but not least, le gouvernement perd une année de son mandat à mettre en place sa première loi des finances qui ne prendra effet qu’à l’été 2012, signant ainsi la première année presque blanche sur le plan budgétaire.  Et pour couronner l’ensemble, la durée de vie du gouvernement ne fait pas long feu : Benkirane I rend l’âme 22 mois après sa naissance. 

 

Chabat : le joker des anti PJD

Le 23 septembre 2012, un homme changera la donne. Hamid Chabat détrône les El Fassi et prend les rênes de l’Istiqlal. Son discours tranche avec son prédécesseur et se montre plus agressif. Sans vision politique déclarée, Chabat fait pourtant preuve d’intelligence politique. Il a la conviction qu’avec la configuration initiale du gouvernement, affichant un leadership incontesté du PJD, les résultats d’une bonne gouvernance aboutissant sur des réformes sans précédent renforceront l’influence électorale des islamistes.  Or, dans son esprit, 2016 sera l’année de l’Istiqlal. Une ambition qui ne sied pas à un chalenger qui avance dans l’ombre d’un leader populaire. La stratégie d’endiguement (containment) se met en place.

Il est, en effet, de notoriété qu’aussi bien les partis du centre droite, notamment le RNI et le PAM, au même titre que les conservateurs, et à leur tête l’Istiqlal, se joignent aux faucons du Palais dans cette quête visant à stopper l’élan du PJD. Ils partent d’un constat simple. Grâce à une potentielle performance gouvernementale, les islamistes domineront davantage à l’issue des législatives de 2016. Et au passage, ils renforceront leur déploiement au niveau local suite aux élections attendues dans le cadre de la régionalisation avancée. Un scénario cauchemardesque pour tous les politiciens du royaume chérifiens.

Pour un problème simple, une solution simple : faute de pouvoir les arrêter (car la conjoncture sociale et politique ne le permet pas), il faut faire en sorte que leur capital sympathie soit dilué dans la masse. La méthode : arracher les départements économiques à l’emprise des islamistes sous prétexte qu’ils sont incapables de les gérer.

L’Istiqlal s’y est essayé, sans succès. Pour forcer le remaniement, l’Istiqlal doit divorcer du gouvernement. Le plan se met en place et cinq ministres de l’Istiqlal présentent leurs démissions au chef du gouvernement. Les négociations avec le RNI commencent dans une conjoncture particulière.

 

Qui profitera de la sortie de crise ?

Plantons le décor : Sur le plan international et à en croire le rapport de la Cnuced (Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement) publié en juillet 2012,  les flux des investissements devraient croître en 2014 et 2015 et maintiendront une tendance vers les pays en développement et ceux en transition.  De plus, la sortie de crise se confirme aux Etats-Unis et (à moindre mesure) en Europe. Le comportement des exportations marocaines dénote d’un retour, timide pour l’instant, des donneurs d’ordre. 

Sur le plan interne, une mobilisation du patronat est très attendue pour sortir l’investissement local de sa léthargie. D’une posture de rupture, adoptée par Miriem Bensalah (présidente de la CGEM) face au PJD, le patronat affichera, sans aucun doute, son désir de mettre son capital à contribution pour créer des emplois et booster la consommation. Qui profitera de cette reprise sur fond de réformes ? Certainement pas le PJD.

Benkirane II est désormais connu avec son pôle économique dominé en entier par le RNI. De l’industrie aux finances en passant par l’agriculture, tout est entre les mains du rassemblement. Sur le plan social, le PJD doit partager le succès (si succès il y a) des réformes de la justice, de l’éducation, de la santé et de la caisse de compensation avec les autres partis au sein du gouvernement.

 

Bataille de communication en vue 

« La politique fait d’étranges compagnons de lits », disait l’animateur radio Ace Goodman. Benkirane II le prouve. L’alliance PJD/RNI n’était pas à l’ordre du jour quelques mois auparavant. Aujourd’hui, elle est une réalité. Personne ne peut parier sur son succès, ni sur son échec. En revanche, parions sur une guerre sanglante pour la paternité des fruits de cette union. Et sur ce registre, Chabat continuera son parasitage alors que le RNI devra revoir son approche pour ne pas se faire devancer par un Benkirane champion de la communication politique… à la marocaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

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2 septembre 2013

Réforme de l’enseignement : La confusion des responsabilités profite au Palais

KT ChroniqueTout a été dit, ou presque, sur le discours du roi du 20 août 2013. Le message, les mots, le ton et jusqu’à la portée du discours ont été analysés, scrutés, décortiqués et ont servi à livrer une vision de la volonté royale concernant la réforme de l’éducation nationale. Bref, le dossier de la réforme de l’enseignement devient une priorité pressante. Le développement du pays et sa paix politique et sociale en dépendent. L’élite marocaine et la rue se félicitent de cette prise de conscience « soudaine » et croisent les doigts pour que le royaume vive sa révolution éducative.

Tout a été dit, sauf peut-être, un soupçon d’instrumentalisation de la réforme de l’enseignement pour porter un coup politique au gouvernement en place. Mettons les points sur les i : que Abdelillah Benkirane se fasse tirer les oreilles par le roi au sujet de la lenteur de la réforme ne peut que réjouir tout marocain profondément convaincu de la nécessité vitale de sortir l’enseignement de son état comateux.

Toutefois, force est de constater que la violence du discours du roi est tellement inhabituelle qu’il est permis de se poser une question : pourquoi une telle raclée politique d’une violence inouïe alors que le gouvernement Benkirane ne peut être tenu responsable que d’un dixième du retard cumulé par ce dossier ?

Commençons par le début… à l’aube de l’intronisation de Mohammed VI. La question de l’enseignement est évoquée pour la première fois dans le discours d’ouverture de la session d’automne de la troisième année législative le 8 octobre 1999 sous le mandat du gouvernement de Abderrahman Youssoufi. Le roi y rappelle la volonté de réforme de son défunt père qui avait constitué une commission spéciale dans le but d’élaborer un projet de charte nationale pour l’éducation et la formation.

« Nous avons été informé de ses résultats (la commission spéciale) et avons constaté qu’ils sont conformes à notre vision qui est la notre d’un enseignement intégré dans son environnement, ouvert sur son époque, sans reniement de nos valeurs religieuses sacrées, des fondamentaux de notre civilisation, ni de notre identité marocaine dans toutes ses composantes », disait le roi dans son discours d’ouverture de la session parlementaire.

D’ores et déjà, il évoque la question lancinante de la gratuité de l’enseignement. Contrairement à ce qu’on croit, la question de la gratuité a été tranchée bien avant le PJD: l’enseignement restera gratuit pour tous au niveau de l’enseignement fondamentale, pour les couches sociales ne disposant pas de moyens et sera payant pour le reste. C’est le roi qui l’avait dit en rappelant que cela correspondait à sa vision de la réforme. En voilà la preuve dans le même discours du 8 octobre 1999:

« … nous avons tenu à ce qu’il demeure gratuit au niveau de l’enseignement fondamental. La contribution des couches à revenus élevés n’interviendra au niveau de l’enseignement secondaire que cinq ans après que la réussite de cette expérience aura été avérée, avec exonération totale des familles à revenus limités. S’agissant de l’enseignement supérieur, les frais d’inscription ne seront exigibles qu’après trois ans d’application du projet, avec l’octroi de bourses aux étudiants méritants démunis ».

Donc, quand Lahcen Daoudi, l’actuel ministre de l’enseignement supérieur et membre du PJD (Parti Justice et Développement), se hasarde à parler de l’abandon de la gratuité, il est dans la ligne politique de son roi.

Le roi présente donc les conclusions de la charte et pousse les parlementaires et le gouvernement à faire le nécessaire pour installer une politique de rupture tout en respectant sa vision de la réforme. C’était en 1999. Presque une année plus tard, la réforme de l’enseignement est citée, entre autres priorités, dans le discours du trône de juillet 2000. Nous sommes à la veille de l’élaboration du projet de loi des finances et le roi insiste pour que le gouvernement alloue les crédits nécessaires à la concrétisation des recommandations de la charte nationale :

« en entourant la charte nationale de l’éducation et de la formation de notre Haute sollicitude, nous incitons le gouvernement de Notre Majesté à diligenter sa mise en œuvre et à y affecter les crédits nécessaires. Nous insistons sur la nécessité de l’implication de tous les intéressés et leur mobilisation totale autour des objectifs de cette charte, sans surenchère ni susceptibilité, pour réussir sa mise en application ».

Cet impératif de la réforme, qui, sans aucun doute, ne plaisait pas à tout le monde, est accompagné par un geste politique. Le roi annonce la création de la fondation Mohammed VI des œuvres sociales des enseignants. Le message est clair : il y aura réforme qui se soldera par des chamboulements majeurs et bousculera des habitudes bien installées, mais, (la nouvelle rassurante) le roi s’occupera de la famille des enseignants. Autrement dit : le Palais ne veut pas de grève ou de contestation qui remettrait en cause la ligne directrice et le déploiement de la charte nationale de l’éducation et de la formation.

Deux ans plus tard, point de conclusions royales au sujet de la conduite de la réforme. En tout cas rien ne transperce dans les deux discours d’ouverture des sessions parlementaires de 2002 et 2003. L’enseignement y est évoqué comme une priorité parmi d’autres comme le soulignent ces mots tirés du discours de l’entrée parlementaire d’octobre 2002 :

« Il s’agit en fait, de quatre priorités, à savoir l’emploi productif, le développement économique, l’enseignement utile et le logement sociale ».

Il faut attendre le discours du trône de juillet 2004 pour ressentir une certaine lassitude dans les propos du roi, mais sans pour autant accabler son gouvernement. Rappelons qu’à cette date, le premier ministre n’était autre que Driss Jettou et Lahbib El Malki (USFP) occupait le poste de ministre de l’éducation nationale (on lui collera, en juin 2004, Anis Birou (Istiqlal) comme secrétaire d’Etat chargé de l’alphabétisation et l’éducation non formelle).

Et même si le dossier ne bougeait pas aussi rapidement que la rue le souhaitait, ni comme le roi le laissait entrevoir dans ses discours, les propos restaient, en tout cas en public, lisses et sans reproches enflammés. Mieux encore, le souverain accorde à son gouvernement une rallonge en terme de délai :

« Il est nécessaire désormais de consacrer les cinq années qui restent à rattraper tout retard enregistré dans cette réforme vitale,… »

Et lui donne main forte en installant une méga institution :

« Nous avons décidé de mettre en place le Conseil Supérieur de l’Enseignement, en tant qu’institution constitutionnelle, … ».

Le Dahir d’installation du Conseil Supérieur de l’Enseignement ne sera prêt qu’une année plus tard comme annoncé dans le discours du trône de juillet 2005 :

« Dans le souci constant qui nous anime d’en (la charte nationale) assurer une mise en œuvre optimale et de développer de la sorte nos ressources humaines, nous procéderons à l’installation du Conseil Supérieur de l’Enseignement, dont nous avons élaboré le Dahir… ».

Le gouvernement mené par Driss Jettou vivait ses derniers jours quand le roi prononce son discours du trône de juillet 2007. Il était temps, en principe, de faire le bilan de cinq ans de gestion de la réforme de l’enseignement. Pas la peine de revenir aux indicateurs chiffrés ni de rappeler le classement que les instances internationales accordaient au Maroc sur le plan social et éducatif pour avoir une idée sur l’état de ce secteur vital. Les mots du roi sont plus éloquents et plus crédibles.

« En dépit des efforts sincères qui ont été déployés pour assurer la mise en œuvre de la Charte d’Education et de formation, les résultats quantitatifs n’ont pas donné lieu à un changement qualitatif, … ».

En résumé, l’enseignement se cramponnait à sa médiocrité : inefficient et en déphasage par rapport aux attentes de l’économie marocaine. Driss Jettou et Lahbib El Malki s’en sortent sans dégât politique et ce malgré le bilan désastreux dans l’éduction nationale. Pourtant, ce gouvernement a été incapable de trouver des solutions définitives donnant une impulsion nouvelle à la réforme. D’ailleurs ces mêmes questions seront reprises dans le discours du roi et constitueront la feuille de route du gouvernement qui allait naître des élections de septembre 2007.

Pour le roi, les questions en suspens, étaient « la problématique du financement, la rationalisation de la gestion des ressources, les langues d’enseignements, la modernisation des programmes et des manuels scolaires, et la focalisation sur l’alphabétisation » (discours du trône de juillet 2007).

Après les élections de septembre 2007, Le parti de l’Istiqlal prend la tête du gouvernement. Le 15 octobre 2007, Abbas El Fassi est nommé Premier ministre. Il entame son mandat avec une lecture, ô combien juste et intelligente de la constitution, en affirmant en substance qu’il était là pour faire ce que le roi lui dira de faire.

Deux jours avant sa nomination, le 12 octobre 2007, le roi lui donne l’orientation à suivre en matière de réforme de l’enseignement. C’était à l’occasion de l’ouverture de la première session de la 1ère année législative du nouveau gouvernement :

« … nous appelons le prochain gouvernement à s'atteler sans tarder à la mise en place d'un plan d'urgence pour consolider ce qui a été réalisé, et procéder aux réajustements qui s'imposent, en veillant à une application optimale des dispositions de la Charte nationale d'Education et de Formation ».

A qui incombera cette tâche ? A Ahmed Akhchichine, le nouveau ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Formation des Cadres, secondé par Latifa Labida au poste de secrétaire d’Etat chargé de l’Enseignement Scolaire.

En effet, Abbas El Fassi a fait ce que lui a dicté son roi, à commencer par la composition du gouvernement. Le Palais avait une idée plus au moins développée sur la méthode de la réforme et non pas sur son contenu :

le principe de base était de confier l’élaboration des stratégies sectorielles à des cabinets privés, soit internationaux, soit nationaux ayant une certaine crédibilité auprès du Palais. Les hommes (ministres) qui devaient réaliser ces études devaient être assez proches des têtes pensantes du Palais et assez dociles pour mener à bien ces projets en concerts avec les institutions tant officielles (conseil supérieur de l’enseignement pour le cas de l’éducation nationale) que non officielles (les conseillers du roi qui suivent ce dossier ou ce qu’on appelle le gouvernement de l’ombre). Ce qui explique la particularité de la composition du gouvernement El Fassi : mi politique, mi apolitique (ou mi partisan, mi inféodé au Palais).

Pourquoi insister sur ce qualificatif ? Pour couper court à l’idée de la nomination de technocrates, car hors le cas de Amina Benkhadra qui avait la charge du portefeuille de l’énergie et des mines, les autres ministres sans appartenance politique étaient presque tous sans aucune relation avec le secteur dont ils avaient la responsabilité. Certes, Ahmed Akhchichine faisait partie de la famille de l’enseignement supérieur, mais cet argument, à lui seul, ne le qualifiait pas à mener une réforme d’une telle envergure. Il avait plus que cela : il était, tôt en 2007, membre fondateur du Mouvement pour tous les démocrates, initiative ayant préparé (maintenant c’est un fait historique avéré) la création du Parti Authenticité et Modernité, et orchestrée par les hommes de l’ami du roi Fouad Ali El Himma.

Ahmed Akhchichine, fort d’une double confiance, celle du roi et celle de son ami proche, confia au cabinet Valyans la réalisation d’une étude stratégique sur l’enseignement au Maroc avec obligation de proposer deux livrables : un plan d’urgence et un plan à long terme. Ce qui était conforme à la volonté royale annoncée clairement dans son discours du trône datant d’avant les élections 2007. Donc l’idée du plan d’urgence ne vient pas du gouvernement, mais du Palais. D’ailleurs, au moment de la présentation du rendu, en septembre 2008, le ministre a rappelé que sa démarche était conforme aux directives contenues dans le discours royal de juillet 2007.

Le plan ne devait porter que sur trois ans 2009-2012. Les architectes du plan ont fait preuve d’intelligence en passant sous silence la question complexe des langues, des contenus ainsi que de l’approche pédagogique. Valyans en parle dans son rendu, mais la copie présentée au public (et à la pauvre presse notamment) ne recelait pas ces détails. Du coup, le plan d’urgence apparaissait comme un énorme plan immobilier. Son objectif était d’augmenter les effectifs des scolarisés, augmenter les lits dans les cités universitaires, augmenter les centres de formation professionnelle et mettre à niveau les établissements existants. Et c’est ce volet là que le ministre activera rapidement et y enregistra quelques avancées, plus au moins, discutables. Mais pas dans le reste, le plus important et le plus dur.

Attention, même le roi souscrit à cette lecture. Son discours à l’occasion du 59ème anniversaire de la révolution du Roi et du peule 20 août 2012, le démontre clairement :

« … nous devons revoir notre approche et les méthodes en vigueur à l'école pour passer d'une logique d'enseignement centrée sur l'enseignant et sa performance et limitée à la transmission des connaissances aux apprenants, à une autre logique fondée sur la réactivité des apprenants et axée sur le renforcement de leurs compétences propres et la possibilité qui leur est donnée de déployer leur créativité et leur inventivité, d'acquérir des savoir-faire et de s'imprégner des règles du vivre ensemble dans le respect de la liberté, de l'égalité, de la diversité et de la différence. … ».

Pour aller dans ce sens, le roi insiste sur l’activation du Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique… Mais il n’en sera rien… jusqu’au discours du 20 août 2013. Le Palais a ainsi pris son temps pour trouver un remplaçant à Meziane Belefqih et, au passage, trouvé des excuses à l’ami de l’ami du roi :

« … surtout le gouvernement précédent qui a déployé les moyens et les potentialités nécessaires pour mener à bonne fin le Plan d’urgence, dont il n’a, d’ailleurs, entamé la réalisation qu’au cours des trois dernières années de son mandat ».

Or nous l’avons vu, le plan d’urgence a été présenté en septembre 2008 et devait être achevé en 2012. Les trois années dont parle le roi étaient, en toute logique, suffisantes pour démontrer l’efficience de l’équipe qui avait la charge de l’enseignement. Et le roi (ou ses conseillers) le sait pertinemment mais ne le dit pas ouvertement pour des raisons, sans doute, politiques. D’ailleurs, dans le même discours, il poursuit que :

« … Malheureusement, les efforts nécessaires n’ont pas été entrepris pour consolider les acquis engrangés dans le cadre de la mise en œuvre de ce Plan. Pire encore, sans avoir impliqué ou consulté les acteurs concernés, on a remis en cause des composantes essentielles de ce plan, portant notamment sur la rénovation des cursus pédagogiques, le programme du préscolaire et les lycées d’excellences ».

Dans cette partie du discours, il faut retenir deux volets essentiels : la consolidation des acquis et la consultation des concernés.

Qui devait consolider les acquis engrangés dans le cadre de la mise en œuvre du plan ? D’abord Ahmed Akhchihine et Latifa Labida qui devaient mener une reforme globale, avec des objectifs à la fois quantitatifs et qualitatifs. Mais ils ne l’ont pas fait. Ensuite Mohamed El Ouafa, l’actuel ministre de l’éducation nationale, qui, en mauvais politicien lâché par les siens, il a fait cavalier seul en auditant les réalisations du plan d’urgence. Une initiative louable, il faut le souligner, mais qui a été menée par le gouvernement de son propre chef. Les résultats de cet audit, présentés en commission parlementaire le 24 juillet 2012, accablent les prédécesseurs d’El Ouafa. Une chose de nature à exacerber tous ceux qui ont été impliqués dans ce dossier avant la nomination du gouvernement Benkirane.

En outre, le discours parle de remise en cause du plan d’urgence sans consultation des concernés. Qui sont ces concernés ? La famille des enseignants ? Certainement pas. Pour cause, au moment de l’élaboration du plan d’urgence, Ahmed Akhchichine avait eu l’idée, pas du tout mauvaise, de faire appel à un cabinet de lobbying pour faire adhérer les syndicats et la société civile à son plan. Le cabinet en question (Public Affairs and Services (PAS) de Hassan Alaoui, connu pour son magazine Economie & Entreprise) dirigé à l’époque par Kamal Taibi, avait entamé les démarches et élaboré une stratégie d’approche. Toutefois, et contre toute attente, le ministre a décidé de stopper net son partenaire lobbyiste et a pris l’initiative de présenter le plan au roi sans consultation des parties prenantes. Le Palais, comme l’histoire nous le démontre, n’y a trouvé aucune gêne en donnant sa bénédiction au plan.

Paradoxalement, El Oufa a réalisé son audit en associant les académies du royaume qui, grâce à leur contribution, ont permis de consolider les chiffres et présenter un audit plus au moins global. L’erreur d’El Ouafa est d’avoir agit sans consultation du Conseil supérieur de l’Enseignement et donc du Palais. Or, nous savons que le Conseil était en hibernation depuis la mort de Belefqih en 2010. Un détail qui ne semble pas peser dans la balance puisqu’en politique les raccourcis sont la règle et non pas l’exception.

El Ouafa paiera donc pour son « incompétence supposée» mais aussi et surtout pour son audace. Un lynchage devenu nécessaire après sa disgrâce « chabatienne » et son limogeage n’est qu’une question de jours. Le remaniement attendu passera par le fauteuil d’El Ouafa qui encore une fois, dans le royaume des confusions de responsabilité, portera le chapeau de la déconfiture de la réforme l’enseignement… seul.

8 mars 2012

Benkirane et les rentiers : une histoire de show, sans plus !

Abdelillah Benkirane

S'attaquer aux licences de pêche est une question facile. La liste a été publiée par Economie et Entreprises en 2001. Disposer d'une licence n'est pas un mal en soi, le mal réside dans ce que l'on fait. La règle sous le règne de Hassan II était d'attribuer les licences à des hommes de confiance car la navigation maritime était dangereuse pour un régime fermé. Les bateaux pouvaient transporter des armes, de la drogue ou d’autres produits douteux. Donc il fallait les cerner. D'où la domination des généraux et des sécuritaires sur le secteur. Politiquement et économiquement, le choix de Hassan II était, au début, judicieux car grâce à cette politique le Maroc a développé une industrie de pêche qu'il n'avait pas au début des années 80. La liste contenait des gens honnêtes comme Dr Khatib, qui a compris qu'il n'avait pas ni le temps ni les moyens de gérer une flotte de pêche et a cédé sa licence, et des d’autres moins honnêtes qui se sont révélés des rentiers redoutables et voraces. 

Où réside le mal des licences? C'est cela la question qui rejoint  celle des agréments et des autorisations d'exploitation de sable. Le mal réside dans la gestion des secteurs concernés. Comment? 

Le cas de la pêche est parlant: des licences ont été attribuées à des notables. Ces derniers ont bénéficié de crédit auprès des banques de l'Etat comme la BNDE, Crédit Agricole, BP et BMCE (elle aussi était étatique à l'époque). Il s'agissait de montants conséquents. Pour info, un bateau de pêche hauturière se situe dans une fourchette de 8 à 12 millions de DH en fonction de sa jauge et de son tirant d'eau. Imaginez ce que coûte un investissement en armement pour disposer d'une flotte d'une dizaine de navires.

A cela s'ajoute les frais de fonctionnement avancés aussi sous forme de crédit bancaire au début de chaque marée. Le tout garantie par l'Etat: la Caisse Centrale de Garantie. Maintenant deux questions se posent: qui des détenteurs des licences a remboursé ses dettes et a développé son business en le sophistiquant et en investissant dans la transformation à terre? La réponse à cette question aboutira à deux définitions: celle de l'acteur économique dans le sens schumpeterien et celle du rentier pur et dur. 

Les licences et les agréments ont des limites. Dans le transport comme dans la pêche, plus le nombre des privilégiés augmente, moins l'activité se porte bien. La concurrence s'installe férocement, la ressource s'amenuise comme dans le cas de la pêche, ou encore les prix sont bradés comme dans les transports et ce, sans le développement d'un service ou d'une industrie de qualité. Quand les autorités de tutelle se sont rendues compte du désastre, ils avaient deux solutions possibles: arrêter la distribution des privilèges et restructurer l'existant pour le rendre plus moderne et plus rentable.

Aucun ministre n'a pas franchir le pas. Dans la pêche, des licences ont continué à être distribué jusqu'au mandat de Aziz Akhannouch. Dans les transports aussi avec un Karim Ghellab, au même titre que ceux qui l'ont précédé, porté sur la gestion des intérêts et surtout de sa carrière que sur la gestion technocratique d'un secteur vital. Les intérêts en jeu leur faisaient peur autant que les noms, les grades, les liens familiaux et politiques des exploitants. Et rien ne dit que Aziz Rabbah ira au-delà de la publication des listes. Son geste est un acte courageux, mais sans plus car il ne promet pas la fin de la rente ou encore ne porte pas en lui la promesse de la restructuration sectorielle. Du côté d'Akhannouch, il ne faut pas rêver non plus car sa gestion des affaires publiques se limitent en une seule philosophie: il fera ce qu'on lui dira de faire. Donc la fin de la rente commence au Palais et nulle part ailleurs: c'est ce qu'on appelle dans un langage plus policé: la volonté politique. 

5 décembre 2008

Le shopping à Sebta est un message

Tous ceux qui ont vécu l’expérience du passage douanier à Ceuta (Sebta), garde au fond de leur mémoire cette image de femmes et d’hommes faisant la traversé à pied entre les deux frontières au quotidien. Pour la plupart d’entre eux, il est surtout question de shopping. D’ailleurs, en quittant ce territoire, géographiquement marocain, mais oh combien managérialement espagnol, ils portent souvent la preuve de leur pèlerinage. Et détrompons nous, il ne s’agit pas souvent de contrebandiers, mais de simples marocains aussi honnêtes que vous et moi qui profitent, comme le veut la loi, du seuil de tolérance douanier pour mieux garnir leurs paniers. Une petite enquête sur ce qu’ils achètent souvent révèle une réalité connue de tous, mais porteuse d’un message fort. Les Marocains qui font cette traversée raffolent surtout de produits agroalimentaires. Yaourts, jus, boissons aromatisées, limonades, sucreries et amuse-gueules, voilà ce qu’achètent les Marocains en masse quotidiennement. Nul besoin de rappeler que les produits alimentaires suivent souvent les mœurs du pays, son hygiène et surtout son mode de consommation. En faisant son marché à Sebta, l’acheteur a l’embarras du choix, donc la liberté royale d’opter pour un produit au lieu de plusieurs autres. Cela témoigne de la diversité de l’offre locale. Ensuite, les mœurs industrielles et administratives garantissent une qualité des produits avec étiquetage sérieux et détaillé. Enfin, les prix restent modérés, subissant la pression de la concurrence sur un marché largement consommateur. Soit, le Marocain se trouve face à trois ingrédients qui font souvent défaut sur le marché domestique. Les jus, à part quelques expériences rares, deviennent une espèce nationale en voix de disparition. Pour les sucreries, à part le bas de gamme, fortement teinté, le Marocain du bas de l’échelle ne peut se permettre le luxe d’acheter du haut de gamme (à Sebta il le peut). Et pour tout le reste, malgré les efforts de nos producteurs locaux, l’offre reste peu développée, trop basique pour créer l’envie de consommer. Pourtant, des expériences pionnières ont démontré que malgré son faible pouvoir d’achat, le Marocain raffole de «chhiwat» bien faites et intelligemment présentées et surtout que le mode de consommation des Marocains a profondément changé. Et il est certain que si demain les industries offrent un tagine en conserve, comme l’ont fait les Français pour leurs gratin et cassoulet, le consommateur national grattera au fond de sa tirelire pour s’offrir un «twigine» bien de chez nous. Et pour y arriver, il faut de l’agriculture, un contrôle sanitaire digne de ce nom et surtout beaucoup de développement chez les industriels. Donc, un positionnement fort et responsable au niveau de l’Etat et une implication marquée des professionnels qui doivent investir au moins autant qu’ils le font pour leurs maisons secondaires, bateau de plaisance et autres folies dépensières qui privent le pays de sa force de frappe économique. Publiée sur le Soir échos le 11 août 2008
5 décembre 2008

La classe moyenne s’appauvrira

Le débat sur la loi de finances s’annonce passionnel et passionné. Les premières mesures qui filtrent ici et là laissent sceptiques quant à la volonté de l’Etat de renforcer la classe moyenne et de doper l’économie. Déjà, la grogne gagne les rangs de la Confédération générale des entreprises du Maroc. Car, en plus de la mise à l’écart de la PME, les entreprises n’ont pas eu grand-chose dans le budget en discussion. Elles s’attendaient surtout à un réaménagement de la TVA pour éviter les retards de remboursement, les goulots d’étranglement et surtout les incohérences entre la TVA versée et celle collectée. Il n’en est rien. Côté PME, la fiscalité spécifique à cette catégorie d’entreprises n’est pas encore à l’ordre du jour. Nous le savions depuis février dernier quand l’argentier du pays avait annoncé sur nos colonnes qu’il avait fait un arbitrage au profit du pouvoir d’achat. La seule mesure prévue, jusqu’à l’écriture de ces mots, concerne un abattement de 10% sur l’IS en cas d’augmentation de capital. Ce n’est pas une nouveauté car cette disposition existe déjà depuis deux ans. Elle a juste été reconduite. En revanche, les droits d’enregistrement restent les mêmes, toujours élevés. Le paradoxe est que nous affichons un volontarisme (théorique) en faveur de la création d’entreprises. Or, comment concilier l’incitation à la création et des droits d’enregistrement qui indisposent le capital ? Cette logique nous échappe. Cela est d’autant plus vrai que la création d’entreprises fait partie de la politique de renforcement de la classe moyenne. La classe moyenne, c’est surtout les hauts cadres des entreprises et de l’Administration ainsi que les patrons de TPE. Pour preuve, n’est plus considéré de la classe moyenne celui qui touche 10.000 DH nets par mois et verse 50% de son salaire pour payer son logement moyen standing (s’il le trouve à ce niveau de prix), 15% pour régler la traite de sa voiture et autant pour payer l’école de son enfant. Finalement, des 10.000 DH, il ne garde pour lui et sa famille que des clopinettes qui l’alignent sur le seuil de la pauvreté. Au moindre imprévu, il bascule dans la classe d’en bas. Le comble, c’est que le projet de loi de finances lui propose, dans le meilleur des cas, 400 DH d’augmentation. Cette mesurette aurait été satisfaisante si le gouvernement était efficient dans tous les services adressés à la population : santé, éducation, transport, tourisme… Pour chacune de ces rubriques, le contribuable moyen casque un maximum car l’Etat et les collectivités locales sont incapables de l’aider à diminuer sa facture de gasoil, prévue à la hausse dès 2009, à économiser les frais de scolarisation pour son enfant, à réduire au maximum ses frais de santé (surtout ambulatoires)… Nous le savons, le gouvernement nous priera d’attendre 2012 pour que tout cela soit mis sur pied. Mais en attendant… s’appauvrira qui n’aura pas de quoi arrondir ses fins de mois. Publiée en octobre 2008
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5 décembre 2008

La Bourse manque de volonté politique

«Quand le minaret tombe, on pend le barbier», dit l’adage marocain. Cette phrase résume la situation actuelle du marché financier au Maroc. Après une perte de 100 milliards de dirhams de capitalisation, une crédibilité au plus bas et des magouilles de haut vol qui profitent à une minorité, le conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM) demande à pendre le directoire de la Bourse et laisse courir les responsables de l’effondrement de plus de 10 ans de réforme et de mise à niveau. Nous sommes au pays de tous les excès. D’un côté, la justice décide de mettre en péril la vie de plus d’une centaine d’employés d’une société d’édition, comment ? En condamnant son patron à titre individuel à payer 6 millions de DH et en obligeant, comme à l’époque des Mamelouks, toute la tribu Al Massae à en assumer les conséquences. Bien entendu, l’Etat a regardé faire, puisque cette jurisprudence résume l’état d’esprit ambiant. L’ancien ministre de la communication, Nabil Benabdellah, n’a-t-il pas déclaré sur le plateau de 2M qu’il était tant d’alourdir les sanctions pécuniaires dans les procès de diffamation ? Maintenant, lui et son successeur du PPS sont servis. Le paradoxe est que d’un autre côté, le même Etat, frileux et complice, applaudit à l’enrichissement facile d’une minorité de cols blancs en les affranchissant. Comment, au lieu d’aller jusqu’au bout de la logique de droit, il a, par lâcheté, sanctionné une partie des intervenants, celle à portée de main et ne disposant pas de ramifications politiques. Les pseudos goldens boys ayant tiré profit de la bonté d’un système indélicat, sont hors d’atteinte. Pourtant, ils sont connus. Moi-même, ne disposant pas des moyens de l’Etat, ni de la force administrative du CDVM, je peux vous citer leurs noms et leurs institutions. Et si ce n’est cette conjoncture politique malheureuse où le simple délit commis par nos journalistes se transforme en boucherie judiciaire, je me serais délecté à partager ces noms, ces raisons sociales et les modes opératoires à la base du cafouillage boursier. Le pire est que le CDVM et son tuteur, Salaheddine Mezouar, ministre des Finances, se contentent de prier les intervenants de faire preuve d’éthique. Autrement dit, le conseil et le ministère savent que d’éthique il n’y a pas point, mais par carriérisme, crainte ou incompétence (difficile de trancher sans perdre son latin), les deux institutions censées veiller au grain choisissent la solution la moins lourde et donc la plus ambiguë. Et in fine, la seule question qui s’impose avec acuité est celle de savoir s’il y a une volonté de mettre en place un vrai marché boursier au Maroc. A la lumière des décisions du CDVM cautionnées par le ministère des Finances, il est permis d’en douter. Publiée sur Le Soir échos le 17 novembre 2008
12 mai 2008

La politique, selon la règle universelle

Pour faire de l’économie, il faut l’aval du politique. Les JJ Rousseau, Montesquieu, Tocqueville et autres m’ont appris que la politique était le moyen de servir un peuple. La pratique politique chez les pays du nord également. Dans mon pays, la politique a une tout autre logique… Avant tout, rappelons une vérité constitutionnelle : certains ministres se plaisent à préciser qu’ils sont «les ministres de Sa Majesté». Nous mettons cette remarque sous le compte de l’ignorance constitutionnelle. Dans notre monarchie, le roi est investi par l’acte de la Bayâa. La définition de celle-ci est toute claire : à travers la signature des grands électeurs (pour faire simple et, pourquoi pas par générosité, souligner la similitude avec le système américain, très en vogue au Maroc), le roi reçoit les pleins pouvoirs du peuple. Ce dernier lui doit obéissance et assistance, et lui, il agit dans les intérêts de ce dernier. Et comme le roi l’a si bien formulé dans son interview publiée par le «Times», «il est temps que la monarchie travaille pour le peuple». La suite logique est toute simple : il est aussi temps que tous les pontes de l’Etat travaillent pour le peuple. La seconde vérité, tout aussi constitutionnelle, c’est que les hauts fonctionnaires de l’Etat vivent au frais du contribuable. Leur salaire, leur logement, leur transport et leurs frais de représentation ou de réception… sont payés par monsieur tout le monde : de l’impôt sur le revenu du maçon à la TVA sur l’électricité de la ménagère, en passant par l’impôt sur les sociétés du grand patron casablancais. Et à ce titre, tout ce beau monde, qui taxe chèrement le contribuable, doit rendre compte. Et rendre compte commence chez le journaliste qui est avant tout un témoin de l’histoire. L’histoire révèle que, sur le dossier de la compensation comme celui du déficit de l’ONE (ainsi que d’autres catastrophes latentes), les gouvernements précédents feintaient et ne résolvaient rien. La preuve : nous découvrons maintenant qu’il y avait possibilités de faire des économies en changeant quelques deals absurdes (pour ne pas dire douteux). Est-ce que cette façon de faire a disparu ? Nous l’espérons et nous (témoins de l’histoire) en jugerons dans peu de temps. Pour le reste, nous savons maintenant que, pendant longtemps, le politique faisait de la figuration car il y avait les autres pour faire son travail. La bureaucratie s’est ainsi consolidée au point de devenir un facteur de blocage. Et nous en sommes arrivés à «monnayer» le déblocage, à tous les niveaux. Donc, l’économie paie les erreurs de la politique, et à moins que cette dernière ne change de robe et de démarche, en clair de gouvernance, l’économie restera fragile et ses champions nationaux également.

1 mai 2008

Naciri dans ses souliers face aux islamistes

Khalid_Naciri

Khalid Naciri,

ministre de la communication

Décidément, nos islamistes savent bien vendre leurs aberrations. Il faut suivre les séances de questions orales au parlement pour estimer à sa juste valeur le pouvoir de nuire des députés du PJD (parti de la justice et du développement). Mercredi dernier, les islamistes se sont attaqués au ministre de la communication en lui reprochant les soirées dansantes de 2M et RTM, les chaînes étatiques, le lendemain d’un incendie meurtrier survenu dans une usine à Casablanca Selon leur point de vue, il fallait compatir avec les familles des victimes en interdisant les émissions de variétés programmées samedi soir sur les deux chaînes publiques. Bien entendu, Khalid Naciri, le ministre de la com a servi, comme d’hab, une réponse toute faite qui ne servait pas les intérêts politiques du gouvernement. La preuve, hier chez mon coiffeur du coin, la salle d’attente n’avait de sujet que la réponse faiblarde du ministre face à des députés populaires « qui savent partager la souffrance des gens ». Comme vous le savez, la discussion chez un coiffeur, comme dans un hammam ou dans un taxi, est toujours constructive, révélatrice de la tendance générale. Et à en croire ce que j’ai entendu, les islamistes ont encore une fois gagné une bataille. Et à ce rythme, c’est toute la guerre qu’ils remporteront.

1 mai 2008

Le simplisme du patronat

My Hafid Elalamy,

président de la CGEM

Mly_ElalamyIl y a des phrases qui tuent, et certaines plus que d’autres. Interrogé sur l’absence de réaction de la confédération patronale suite à l’incendie d’une usine de meubles qui a fait plus de 60 morts à Casablanca, le vice-président de la CGEM, Mohamed Chaibi, n’a pas trouvé mieux que de préciser que la dite « entreprise n’était pas adhérente à la CGEM». Plus simpliste que ça, tu meures. Et sur ce chapitre, l’équipe actuelle au patronat ne fait pas mieux que celle que les proches du sérail ont mis à la porte en juin 2006. D’ailleurs, l’une des grandes faiblesses de la CGEM c’est qu’elle a toujours donné l’impression d’être détachée des problèmes profonds du pays. Il a fallu qu’un Karim Tazi, ancien président des textiliens, introduise le concept de citoyenneté à la CGEM pour que le patronat s’ouvre sur l’action sociale à titre collectif. A part cette initiative concrète, tout le reste n’est que déclarations d’intentions, à commencer par le code de bonne conduite, le label social… Et c’est ce détachement de la réalité du pays qui peint une image snobe et hautaine d’une CGEM en mal de légitimité et de crédibilité. La prestation télévisée du vice président du patronat ne fait que confirmer cette image pas vraiment reluisante.

25 avril 2008

Communication de sous-développés

Eh oui, je fais partie de ceux qui ont été interdits d’accès au salon de l’agriculture qui se tient depuis mercredi 23 avril à Méknès. La raison ? Pour une question de sécurité royale, seuls les journalistes accrédités (ceux qu’on appelle « l’équipe royale ») étaient autorisés à accéder au salon. Il n’y a rien d’étonnant dans cette affaire et je suis habitué à cela. Ce qui choque, en revanche, c’est l’indifférence de l’équipe en charge de la presse, que ce soit celle de l’agence RP ou celle de la cellule de communication du ministère de l’agriculture. La moindre des choses aurait été de téléphoner aux journalistes pour les avertir de la contrainte royale. Cela m’aurait épargné la navette de Casablanca à Méknès (plus de 500 km A/R) aux frais du journal sans pouvoir rentabiliser mon déplacement.

siam

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