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8 mars 2012

Benkirane et les rentiers : une histoire de show, sans plus !

Abdelillah Benkirane

S'attaquer aux licences de pêche est une question facile. La liste a été publiée par Economie et Entreprises en 2001. Disposer d'une licence n'est pas un mal en soi, le mal réside dans ce que l'on fait. La règle sous le règne de Hassan II était d'attribuer les licences à des hommes de confiance car la navigation maritime était dangereuse pour un régime fermé. Les bateaux pouvaient transporter des armes, de la drogue ou d’autres produits douteux. Donc il fallait les cerner. D'où la domination des généraux et des sécuritaires sur le secteur. Politiquement et économiquement, le choix de Hassan II était, au début, judicieux car grâce à cette politique le Maroc a développé une industrie de pêche qu'il n'avait pas au début des années 80. La liste contenait des gens honnêtes comme Dr Khatib, qui a compris qu'il n'avait pas ni le temps ni les moyens de gérer une flotte de pêche et a cédé sa licence, et des d’autres moins honnêtes qui se sont révélés des rentiers redoutables et voraces. 

Où réside le mal des licences? C'est cela la question qui rejoint  celle des agréments et des autorisations d'exploitation de sable. Le mal réside dans la gestion des secteurs concernés. Comment? 

Le cas de la pêche est parlant: des licences ont été attribuées à des notables. Ces derniers ont bénéficié de crédit auprès des banques de l'Etat comme la BNDE, Crédit Agricole, BP et BMCE (elle aussi était étatique à l'époque). Il s'agissait de montants conséquents. Pour info, un bateau de pêche hauturière se situe dans une fourchette de 8 à 12 millions de DH en fonction de sa jauge et de son tirant d'eau. Imaginez ce que coûte un investissement en armement pour disposer d'une flotte d'une dizaine de navires.

A cela s'ajoute les frais de fonctionnement avancés aussi sous forme de crédit bancaire au début de chaque marée. Le tout garantie par l'Etat: la Caisse Centrale de Garantie. Maintenant deux questions se posent: qui des détenteurs des licences a remboursé ses dettes et a développé son business en le sophistiquant et en investissant dans la transformation à terre? La réponse à cette question aboutira à deux définitions: celle de l'acteur économique dans le sens schumpeterien et celle du rentier pur et dur. 

Les licences et les agréments ont des limites. Dans le transport comme dans la pêche, plus le nombre des privilégiés augmente, moins l'activité se porte bien. La concurrence s'installe férocement, la ressource s'amenuise comme dans le cas de la pêche, ou encore les prix sont bradés comme dans les transports et ce, sans le développement d'un service ou d'une industrie de qualité. Quand les autorités de tutelle se sont rendues compte du désastre, ils avaient deux solutions possibles: arrêter la distribution des privilèges et restructurer l'existant pour le rendre plus moderne et plus rentable.

Aucun ministre n'a pas franchir le pas. Dans la pêche, des licences ont continué à être distribué jusqu'au mandat de Aziz Akhannouch. Dans les transports aussi avec un Karim Ghellab, au même titre que ceux qui l'ont précédé, porté sur la gestion des intérêts et surtout de sa carrière que sur la gestion technocratique d'un secteur vital. Les intérêts en jeu leur faisaient peur autant que les noms, les grades, les liens familiaux et politiques des exploitants. Et rien ne dit que Aziz Rabbah ira au-delà de la publication des listes. Son geste est un acte courageux, mais sans plus car il ne promet pas la fin de la rente ou encore ne porte pas en lui la promesse de la restructuration sectorielle. Du côté d'Akhannouch, il ne faut pas rêver non plus car sa gestion des affaires publiques se limitent en une seule philosophie: il fera ce qu'on lui dira de faire. Donc la fin de la rente commence au Palais et nulle part ailleurs: c'est ce qu'on appelle dans un langage plus policé: la volonté politique. 

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